L'artiste au travail

Photo Credit: Lise Bloch-Morange

De la sculpture à la peinture

David Malkin dessine à tout moment sur des carnets de croquis. Adolescent, il fait des caricatures des clients du magasin familial et de ses professeurs de lycée. C'est ainsi qu'il visualise des projets de compositions notamment à Florence lorsqu'il se met à travailler sur la forme et le volume de la lettre hébraïque.

A Paris, il fait de nombreux croquis préparatoires, puis des tableaux à l'encre et à la gouache alors qu'il abandonne progressivement la sculpture pour revenir à la peinture.

En tant que peintre, il explore ses sujets avec des variations stylistiques, comme s’il faisait des gammes.

Il évolue à partir du réalisme vers le cubisme, sans s'y attarder, puis développe une maîtrise coloristique qu'il décline en créant un univers non figuratif original.

Vers la fin de sa vie, Malkin prend plaisir à retrouver ses gestes de sculpteur. Il travaille avec le fondeur d'art Eric Jacot pour faire reproduire et patiner certaines de ses sculptures en bronzes.

L'œuvre pictural

Malkin peint sur toile et sur papier jusqu’au milieu des années 1960. Puis, il adopte définitivement le support papier. Il peint sur du papier japon, du papier velours ou cartonné, strié, ondulé, métallisé. Il se démarque des usages en choisissant de petits formats atypiques. Malkin disait de lui-même avec humour qu’il créait « de grandes œuvres sur de petits formats».

Héritier de la technique de son père chimiste, Malkin fabrique ses propres couleurs. Sa palette lui permet alors de produire des œuvres d'une grande richesse lumineuse, tout en nuances subtiles. Cette luminosité ne traduit pourtant pas une sérénité ni une légèreté de l'être. Malkin nous invite au contraire à mettre en question nos idées préconçues : « Exprimer la tragédie avec des couleurs claires m’a toujours intéressé. C’est une sorte de défi. Avec des couleurs sombres, c’est déjà le drame.”

Histoire de ses signatures

Malkin est un nom juif russe. En 1918, lorsque la Bessarabie devient roumaine, tous les noms russes en cyrillique sont latinisés. Comme en italien, le son "k " s'écrit "ch". Son patronyme s'écrit alors "Malchin".

En 1934, lors de son émigration en Palestine, alors sous mandat britannique, son nom est transcrit "Malkin" par les Anglais.

En Italie, où David s’installe en 1947, son nom redevient "Malchin".

Il arrive à Paris en 1955 et découvre que la prononciation française déforme son nom. Lorsqu'il décide au milieu des années 1960 de rester à Paris, il adopte définitivement l'orthographe "Malkin" qui devient sa signature d'artiste.

Ceci explique pourquoi ses œuvres sont signées "Malkin" jusqu'en 1947, puis "Malchin" de 1947 jusqu’au milieu des années 1960, pour redevenir "Malkin", comme à l'origine. On observe toutefois qu'il a signé a posteriori "Malkin" certaines œuvres créées entre 1947 et 1965.

Ses croquis et dessins sont généralement signés de ses initiales "D.M". Certains de ses manuscrits sont aussi signés "D. Malkin".

Datation

Les œuvres de Malkin sont très rarement datées. Elles sont répertoriées par tranche de 5 ou 10 ans, d'après l'évolution de son style et de ses périodes.

Créer est une démarche spirituelle

La création artistique comporte pour Malkin une forte implication spirituelle. L'acte de sculpter ou de peindre s'apparente à un rituel quotidien sauf le jour du shabbat. A l'instar de son aïeul le scribe, il aborde son travail avec une humilité et une concentration totales.

Cette exigence vis-à-vis de lui-même et de son art ne le quitte jamais, même en vacances en famille. Malkin peint des heures entières sans interruption, le plus souvent debout, dans sa chambre/atelier, en écoutant des émissions musicales ou culturelles à la radio. Il a une prédilection particulière pour la musique de chambre et pour les Goldberg variations de Bach interprétées par Glenn Gould.

EN FR